Etablir une généalogie est, à mon humble avis, un travail de fourmi et de romain à la fois. De fourmi, parce qu'il faut assembler patiemment élément après élément un ensemble cohérent. De romain, parce que c'est un travail colossal à effectuer. Passionnant, mais colossal.
J'ai le sentiment que ce travail s'articule en deux aspects différents mais complémentaires. Le premier volet permet de constituer l'ossature de la généalogie en établissant les liens. Un tel, né à telle date et tel endroit est le fils d'un tel et d'une telle, mariés à tel endroit à telle date ; etc... C'est un travail de recensement. Recenser les personnes, leur état-civil et les événements marquants de leur vie pour établir des liens de parenté et de cousinage. Cela demande à jouer les détectives et à traquer les différentes informations (dates, noms, lieux, etc) ainsi que les documents pour construire ces lignées et qui constitueront l'ossature, les étagères de la généalogie entammée.
Vient en suite le second volet dont le travail s'apparente à celui d'un historien qui va s'appuyer sur ces liens, sur ces événements mis à jour et soigneusement ordonnés pour établir l'histoire de cette famille. C'est un aspect que je n'ai pas encore vécu mais qui doit être passionnant.
Je ne sais pas si cette vision en deux volets que j'ai de la généalogie est juste mais elle m'a été inspirée par un monsieur actuellement âgé de 96 ans et qui a commencé sa généalogie quand il était adolescent. Son bureau (la pièce, pas le meuble) est rempli d'étagères avec des classeurs admirablement rangés, numérotés, classés dans un ordre chronologique, classeurs garnis de documents (actes —état-civil et notariés—, photos, lettres, factures, etc...) et qui lui ont permis d'écrire l'histoire de sa famille en 3 tomes de 1000 pages ! C'est d'autant plus impressionnant que le tout a été fait sans utiliser de logiciel de généalogie. A l'âge où il a commencé, il n'y avait pas d'informatique familiale ! Et actuellement son logiciel essentiel est un traitement de textes pour écrire ses volumes.
Un travail de fourmi, de romain, de "maçon" pour monter les liens et les générations comme on monterait les étages d'un bâtiment et aussi travail un passionnant d'historien. Je suis loin d'être l'historien de ma famille, je m'attache du moins à essayer à mettre en oeuvre un travail de recencement, de collecte d'informations en ayant présent à l'esprit que si les outils informatiques ne manquent pas, ils ne sont pas toujours entièrement compatibles entre eux. Il faut donc utiliser un moyen simple et le plus facilement adaptable et réutilisable, aujourd'hui comme dans le futur. D'où : les fiches et les fichiers textes au format GEDCOM.
Bien sûr, j'utilise aussi des logiciels mais ils me servent surtout à avoir une vue d'ensemble plus large et plus globale que les fiches et à générer des arbres graphiques en tous genres et des listes diverses, ainsi que des fichiers GEDCOM, plus rapidement que les écrire en tapant les lignes dans un éditeur de texte.
Il n'y a pas un choix qui soit meilleur qu'un autre. Dans ce domaine, c'est un peu comme les goûts et les couleurs : ça ne se discute pas. Mais dans un cas comme dans l'autre, il y aura necessité de s'organiser pour s'y retrouver dans ces données qui vont s'accumuler au fil du temps pour constituer votre généalogie.
Pour ma part, j'utilise les deux. En général lorsque je dépouille des actes d'état-civil j'inscris les informations sur une feuille (je me suis fait un imprimé pour cet usage) puis, je rentre ces informations en machine. De ce fait, si mon ordinateur tombe en panne, il me reste au moins la version papier ; et (par sécurité en cas d'incendie, de vol d'ordinateur, de cambriolage) j'ai une version en fichier GEDCOM crypté à l'aide de GPG que je dépose régulièrement sur un cloud (un support dématérialisé et hors domicile).
Lorsque la généalogie est gérée par informatique, l'organisation sera faite de manière interne, « invisible » par le logiciel utilisé qui sera conçu pour enregistrer et restituer ces informations. Si vous optez pour une gestion sur papier, ce sera à vous de trouver l'organisation qui permettra de vous y retrouver facilement mais vous échapperez difficilement à la nécessité de reprendre certains principes d'organisation utilisés en informatique : les identifiants.
Un identifiant est une référence unique et non ambigüe permettrant d'identifier, de pointer, de désigner un élément quelconque. Cet élément peut être un individu, une famille, une source, etc... La référence la plus simple et la plus efficace est l'un des numéros d'une suite séquentielle : 1, 2, 3, 4, 5, 6, etc... Cette suite séquentielle n'a aucun sens particulier comme pourrait l'avoir un numéro d'identification de français (appelé à tort numéro de sécurité sociale car il est utilisé par ce service). Un numéro d'identification de français comprend des informations (sexe, année, mois, département et commune de naissance, numéro d'ordre de naissance dans le mois de cette année dans cette commune). Une bonne référence n'a pas à avoir de sens. Qu'un individu soit désigné par le numéro 3 ou 418 n'a aucune espèce d'importance, même dans la chronologie. Vous pouvez très bien enregistrer un individu sous le numéro 157 et deux ans plus tard enregistrer son arrière-grand-père sous le numéro 826 parce qu'il y en a déjà 825 d'enregistrés et que c'est seulement maintenant que vous l'avez « retrouvé » et l'individu n° 157 aura pour AGP l'individu n° 826. Point final. Cela aurait pu être l'inverse : l'individu n° 826 aurait eu pour AGP l'individu n° 157. Cela n'aurait rien changé au sens de la relation qui existe entre eux.
C'est d'ailleurs de cette manière que les logiciels de généalogie exportent leurs informations dans des fichiers texte, les fichiers GEDCOM (GEnealogical Data COMmunication). Faire sa généalogie sur papier ne nécessite absolument pas de connaître par coeur tous les codes GEDCOM mais la connaissance de leur principe aide et facilite grandement l'organisation et le classement papier.
Dans les fichiers GEDCOM, les identifiants sont placés entre deux caractères arobase. Exemple @453@ ou @000453@. Qu'il y ait ou non des zéros non significatifs devant le nombre importe peu si c'est écrit partout de la même manière. C'est d'ailleurs en général une option d'export. Donc, @453@ désignera un élément bien précis et rien d'autre. Si @453@ a été utilisé pour désigner un individu, il ne pourra pas l'être pour désigner une famille ou une source. C'est la raison pour laquelle il est d'usage, afin de pallier cet inconvénient, (mais les logiciels de généalogie le font automatiquement) de placer devant le nombre une lettre pour désigner le type d'élément. I majuscule pour individu, F pour famille, S pour source etc... On pourra donc trouver @I453@, @F453@, @S453@ pour désigner respectivement le 453ème individu, famille, source.
Les identifiants dont il est question ci-dessus n'ont rien à voir et ne doivent pas être confondus avec la numérotation SOSA-Stradonitz plus communément appelée numérotation SOSA. La personne considérée —qui se trouve être le point de départ de la numérotation SOSA— est appelée « de cujus ». Etant donné qu'il faut deux parents pour former un individu on utilisera la numérotation en base deux et le « de cujus » portera le numéro 20 c'est à dire 1, son père 21 (2), son grand-père 22 (4), son arrière-grand-père 23 (8), etc... et l'épouse d'un ancêtre aura le SOSA de son mari + 1. Par conséquent, les hommes ont un numéro SOSA pair et les femmes un numéro SOSA impair. Exemple : Si je suis le « de cujus » (1), mon grand-père paternel aura le SOSA 4 et son épouse (ma grand-mère paternelle), le SOSA 5.
nb: Les puissances de 2 représentent les degrés de parenté. Exemple: Pour le « de cujus », un arrière-grand-père paternel est le SOSA 8 soit 23 autrement dit, un parent au 3ème degré.
Certaines personnes ne jurent que par numérotation SOSA, d'autres s'en passent très bien. Elle permet seulement, et c'est là où cette numérotation est intéressante, de se représenter plus facilement la place d'un ancêtre par rapport à un individu, par rapport au « de cujus ». Si je parle de mon SOSA 9 : 9 étant impair, il s'agit donc de la femme du SOSA 8. 8 étant égal à 23, ce SOSA 8 est un homme 3 générations plus haut, parent au 3° degré, c'est à dire mon arrière-grand-père paternel et la personne visée (SOSA 9) est donc son épouse, mon arrière-grand-mère paternelle.
Pour ce qui me concerne, je ne lui trouve pas un grand intérêt dans ma pratique habituelle de la généalogie car, à mon sens, il n'identifie personne de façon formelle, absolue. C'est une identification relative au « de cujus ». Mon SOSA 2 ne désignera pas la même personne que le SOSA 2 de ma mère. Mon SOSA 2 désigne mon père alors que le SOSA 2 de ma mère désigne le sien c'est à dire mon grand-père maternel. De plus, cette numérotation ne tient pas compte des fratries. Si mon grand-père paternel avait une soeur, celle-ci n'apparaîtrait pas dans la numérotation SOSA. C'est la raison pour laquelle seuls, les identifiants des individus me paraissent fondamentaux mais cette considération n'engage que moi et je ne force évidemment personne à la partager. C'est comme il est dit plus haut : les goûts et les couleurs...
Personnellement, j'utilise, outre le papier détaillé ci-dessous, plusieurs logiciels :
Je pars du principe qu'un individu appartient au minimum à une famille mais peut appartenir à plusieurs familles :
Ces familles sont numérotées 1, 2, 3, 4, 5, etc. et forment les pages (ou plutôt les feuilles) 1, 2, 3, 4, 5, etc. de la généalogie papier. Une feuille par famille. De ce fait, feuille 43 = famille 43. Les individus apparaissent donc au moins une fois en tant qu'enfant d'une famille et éventuellement une ou plusieurs fois en tant que conjoint d'une famille (ou en tant qu'individu impliqué dans une relation). Les feuilles s'ajoutent séquentiellement au fur et à mesure que les familles sont établies. Cela permet de constituer un ou plusieurs classeurs.
Viennent ensuite, comme en informatique, les index : des feuilles recensant les individus au fur et à mesure qu'ils sont découverts, identifiés et qui ont donc des identifiants séquentiels. En regard de leur nom, deux colonnes : FAMC qui contiendra le numéro de la famille dont il est issu et FAMS qui contiendra le ou les numéros des familles qu'il a fondées ou qui sera vide tant qu'on n'aura pas identifié la famille dont il est ou pourrait être un conjoint (célibataire, jeune enfant, enfant mort-né, conjoint inconnu, etc.). A partir de là, en connaissant le numéro FAMC ou FAMS, il suffira d'ouvrir le classeur généalogie à la feuille correspondante pour consulter ses parents (FAMC) ou son conjoint et ses enfants (FAMS).
Suivant l'organisation que l'on souhaite adopter on peut avoir un ou plusieurs index :
Pour ma part, il sont sous format papier (copie obtenue directement auprès d'une mairie ou impression d'un document provenant des archives départementales) ET sous format numérique (scanné).
Les actes d'état-civil (en général nativement au format A4 ou pouvant être imprimés sur une page A4) sont placés dans des pochettes de protection transparentes, perforées pour feuille A4 et rangés dans un classeur. Dans la pochette avec son acte d'état-civil et de manière visible je glisse un bout de papier avec l'identifiant de l'individu ou des individus dans le cas d'une union. Parfois je colle une petite étiquette sur la pochette et j'y inscris au crayon papier le ou les identifiants.
Lorsqu'on débute sa généalogie, les actes d'état-civil sont peu nombreux. Par conséquent, un seul classeur fera l'affaire et il suffit de placer des intercalaires pour regrouper les actes par nature (Naissances, Unions, Mariages) et dans chaque catégorie, les classer par ordre numérique des identifiants. Lorsque les actes commencent à devenir nombreux, on peut revoir son rangement avec un classeur par type d'acte. Et si vraiment ils deviennent très nombreux, il pourrait y avoir "Naissances, Tome 1", "Naissances, Tome 2", etc...
Les documents papier sont numérisés et enregistrés dans des fichiers. Le principe de nommage des fichiers est simple et respecte les identifiants utilisés : Il s'agit des lettes N (naissance), F (famille en cas d'union), D (décès) suivi du numéro de l'individu ou de la famille fondée. Exemple N81.jpg, F52.pdf, D28.png respectivement pour acte de naissance de l'individu n° 81, acte de mariage (ou attestation de PACS, etc.) de la famille n° 52, acte de décès de l'individu n° 28. Par sécurité, ces fichiers peuvent être chiffrés avec PGP ou GPG pour donner N81.jpg.gpg, F52.pdf.gpg, D28.png.gpg avant d'être envoyés sur le cloud.
Sur le disque dur de l'ordinateur, trois répertoires sont créés : Naissances, Unions, Deces (nb: j'évite les accents qui ne sont pas des codes ASCII) et les fichiers ci-dessus sont rangés dans les répertoires correspondants. Lorsque le volume de l'ensemble des fichiers commence à être conséquent et suffisant pour graver un CD, tous les fichiers sont gravés sur un support disque, CD ou DVD selon le volume, en conservant leur place dans l'arborescence. Il suffit alors avec quelques commandes DOS (voir ci-dessous) de créer et d'imprimer la liste des fichiers sur une feuille que l'on rangera dans le boitier ou l'enveloppe du CD/DVD.
C:\>H: H:\>cd Genealogie\Actes H:\Genealogie\Actes>dir /s /b H:\Genealogie\Actes\Deces H:\Genealogie\Actes\Naissances H:\Genealogie\Actes\Unions H:\Genealogie\Actes\Deces\D35.jpg H:\Genealogie\Actes\Deces\D85.jpg H:\Genealogie\Actes\Naissances\N117.jpg H:\Genealogie\Actes\Naissances\N14.jpg H:\Genealogie\Actes\Naissances\N151.jpg H:\Genealogie\Actes\Naissances\N324.jpg H:\Genealogie\Actes\Naissances\N325.jpg H:\Genealogie\Actes\Naissances\N326.jpg H:\Genealogie\Actes\Naissances\N332.jpg H:\Genealogie\Actes\Naissances\N81.jpg H:\Genealogie\Actes\Naissances\N85.jpg H:\Genealogie\Actes\Naissances\N87.jpg H:\Genealogie\Actes\Unions\F2.jpg H:\Genealogie\Actes\Unions\F23.jpg H:\Genealogie\Actes\Unions\F28.pdf H:\Genealogie\Actes\Unions\F29.jpg H:\Genealogie\Actes\Unions\F91.jpg H:\Genealogie\Actes\Unions\F94.jpg H:\Genealogie\Actes\Unions\F96.jpg H:\Genealogie\Actes\Unions\F97.jpg H:\Genealogie\Actes\liste_actes.txt H:\Genealogie\Actes>dir /s /b > liste_actes.txt H:\Genealogie\Actes>Ci-dessus les commandes tapées sont en blanc gras. nb: Pour des raisons évidentes, la liste ci-dessus a été abrégée.
Pour arriver à cet écran noir de commandes DOS :
- Sous Windows XP : Démarrer/Exécuter... et taper cmd et valider
- Sous Window 10 : taper cmd dans la zone "Taper ici pour rechercher" et valider
- Sous Linux ou Mac OS X : ouvrez un terminal (et au lieu de taper dir /s /b, tapez ls -l -R.
Dans cet exemple :
- H: Je suis sur le disque C: et je vais sur le disque H: (là où sont rangés mes fichiers)
- cd Genealogie\Actes Je vais dans le répertoire qui contient les trois qui m'intéressent (Naissances, Unions, Deces)
- dir /s /b Je demande à lister tout, y compris le contenu des sous-répertoires (/s) avec les chemins complets (/b)
- > liste_actes.txt Je range le résultat dans le fichier liste_actes.txt qui sera imprimé et joint au CD.
Pour ce qui concerne les autres documents (photos, lettres, etc.), le principe est le même : une pochette portant comme numéro l'identifiant de l'individu, par exemple : 81. Si les documents sont nombreux, il peut y avoir plusieurs pochettes pour un même individu : 81-1, 81-2, 81-3, etc... les pochettes étant rangées dans les classeurs selon l'ordre numérique de l'identifiant.
Si le document concerne une famille, l'identifiant à utiliser est évidemment celui de la famille et sera rangé dans le classeur Famille-Divers à moins d'utiliser un seul et même classeur (si les documents ne sont pas trop nombreux) avec un intercalaire séparant les individus et les familles.
Dès lors, c'est assez simple de retrouver tout ce qui concerne un individu. Il suffit de regarder dans l'index son identifiant individuel et ses identifiants familiaux pour ouvrir les classeurs à la bonne page des familles (d'origine et fondées), des actes d'état-civil et des documents divers.
Les documents papier ci-dessus sont numérisés et enregistrés dans des fichiers. La règle de nommage de ces fichiers que j'utilise est la suivante :
Cette façon de nommer les fichiers permet, lors du listage du répertoire, de regrouper d'abord tous les individus (I*) puis toutes les familles (F*). Ensuite, les individus, comme les familles sont regroupés et ordonnés dans l'ordre numérique des identifiants. De ce fait, tout les documents qui concernent un individu ou une famille se suivent et, grâce à la date au format ISO, dans l'ordre chronologique.
Tous ces fichiers peuvent être enregistrés dans le même répertoire. L'ordinateur affichant la liste des fichiers dans l'ordre alphabétique, il y aura d'abord les document des familles, puis ceux des individus. Pour une même famille ou un même individu, la date écrite au format ISO permet un classement dans l'ordre des années d'abord, des mois et des jours (ordre chronologique). Si les documents sont nombreux on peut créer deux répertoires : un pour les individus, un pour les familles.
Là aussi, quand le volume est suffisant, les fichiers font l'objet d'une gravure sur CD/DVD et la liste des fichiers à ranger dans la pochette est produite de la même manière que pour les actes d'état-civil. Et comme pour ces derniers, les fichiers des autres documents peuvent être sauvegardés chiffrés sur le cloud.
Cette façon de procéder est la mienne et, bien évidemment, ne prétend pas être la meilleure ni ne vous pousse à l'adopter. Mais c'est celle qui me convient. A l'instar du vieux monsieur cité plus haut qui disait : « Le meilleur logiciel, c'est celui qu'on connait le mieux » j'aurai tendance à dire que la meilleure méthode est celle qu'on utilise et qui peut s'adapter et s'enrichir avec les bonnes idées qui nous conviennent, piochées ici ou là, à droite et à gauche.
A continuer, peut-être...